Yoshimura Akira, la finesse :
De Yoshimura Akira, je me rappelle « Liberté conditionnelle », un très bon roman dont a
été tiré un bon film « L'Anguille » (1997, Palme d'Or au Festival de Cannes).
Nous suivons un détenu condamné à perpétuité et en liberté conditionnelle dans ses difficultés d’adaptation face à un Japon
qu’il ne connaît plus…par petites touches, progressivement, nous apprenons les causes de son acte criminel…écriture délicate et subtile qui mérite une attention soutenue !
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Murakami Haruki et Murakami Ryû, les anticonformistes :
Murakami Ryû baigne dans une réalité plutôt brutale alors que
Murakami Haruki se cale dans le fantastique en emmenant le lecteur dans des métaphores de la réalité.
L’écriture de Ryû est baroque alors que l’écriture d’Haruki est délicate.
Leur seul point commun est leur anticonformisme !
Le meilleur livre pour commencer à lire Ryû est "Les bébés de la consigne
automatique".
Quant à Haruki, j’ai particulièrement apprécié "Au Sud de la frontière, à l'ouest du soleil" et "Les
Chroniques de l'oiseau à ressort" ; deux livres qui montrent une grande finesse des sentiments.
"La Fin des temps" m’a emmené dans l’imaginaire de l’écrivain.
Bon d’accord, je préfère Haruki car dans Ryû il n’y a pas la moindre once
d’espoir…
Murakami Haruki est un pont entre culture japonaise et occidentale
même si certains de ces romans sont plus « japonisant » que d’autres…
Quelque part, il est rassurant de s’ouvrir à une autre culture en gardant quelques références sur
lesquelles on peut se raccrocher, surtout dans un imaginaire qui s’affranchit du réel.
Mais à un moment donné, il faut s’ouvrir et plonger dans la
nouveauté…
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Nosaka
Akiyuki, l'humaniste :
Un dessin animé, "Le
Tombeau des lucioles" d'Isao Takahata, qui est de très
grande qualité, a été tiré d’un de ces écrits !
Concernant son oeuvre, j’ai lu ses 2 romans traduit en français : « Les Embaumeurs » et « Les Pornographes ».
Ce dernier est son premier roman (écrit en 1963) et se situe dans l’immédiat après-guerre.
Des « humanistes » deviennent des missionnaires du sexe pour le bien de l’humanité !
Enjoué et insolent en disait Yukio Mishima ; on peut dire qu’effectivement les tabous de la société japonaise de l’époque en
prennent pour leur grade et dans la bonne humeur…mais plus que cela il nous montre les futures valeurs de la société japonaise : plaisir facile, rapide et matérialisme…
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Yôko Ogawa, l'iconoclaste :
Il est bon de préciser que c’est une femme, pas si courant d’en voir à ce niveau dans la
littérature japonaise…
Est-ce pour cela que son écriture est si empreinte de nostalgie, de déception voire de désespoir…avec le fantastique comme seul moyen de sortir la tête de l’eau…
Mais peut être assistons nous à une évolution notable avec son dernier roman traduit « La formule préférée du professeur »
qui nous parle de la transmission du savoir entre génération, avec, il est vrai, un transmetteur qui ne possède plus que 80 minutes de mémoire effective…
Une écriture et une digression fantastique qui se rapproche de Murakami Haruki mais un pessimiste sur la nature humaine plus
proche de Murakami Ryu.
Pour information, sa traductrice est Rose-Marie Makino-Fayolle qui est aussi celle de Akira Yoshimura. Un gage de
qualité.