Vikram Seth est un grand écrivain, cela ne fait aucun doute pour moi.
Un garçon convenable :
Gros pavé de plus de 1200 pages qui nous emmène dans l’Inde des années 50 à l’époque de sa
jeune indépendance. Entre modernité et traditions…
Un couple de notables cherche un garçon convenable pour leur fille et cette quête sera pour nous l’occasion de traverser toute l’histoire de ce peuple.
Ce voyage, grandiose, troublant voire énigmatique, nous fera explorer toutes les couches de la société indienne : religieuses, sociales, individus empreints de libertés ou de soumissions, misère
absolue et folles espérances…tant de diversité enivre, désole et attire.
Une espèce de miroir des particularités indiennes mais, au vue de l’histoire de ce pays, une forme de résumé des littératures du monde, un mélange d’orient et d’occident…mais aussi d’hier et
d’aujourd’hui. Seth nous apporte une vision précise de l’inde, pays violent, complexe et très codifié.
A petites touches, il nous dépeint une société bien différente de la notre, par l’intermédiaire de personnages subtils et attachants ; il réussit, presque un miracle, à nous la rendre
palpable…
Quand je lis ce livre, je me sens indien.
A lire absolument !
Quatuor :
Après cette éblouissante fresque de l'Inde, Vikram SETH s'est attaqué à la musique comme véhicule des états d'âme, des dialogues et
des amours des personnages.
Un jour, le violoniste Michael Holme entrevoit celle qu’il considère comme sa femme parfaite, dans un autobus, fugacement, un quasi fantôme. Peu après, elle lui apparaît en chair et en os, à la
fin d'un concert que vient de donner le quatuor. Elle est mariée, mère d'un petit garçon nommé Luke et, surtout, elle est devenue partiellement sourde.
Vous n’en saurez pas plus… sinon que c’est brillant, subtil, malgré quelques longueurs…une belle description de l’univers musical et une symphonie des sentiments…
Deux vies :
Chronique familiale de l’écrivain, particulièrement centrée sur son grand-oncle et sa femme, chez qui il a logé lorsqu’il est venu étudier à Londres.
Entre un indien qui émigre en Allemagne, sans parler la langue locale, pour suivre des études de dentiste et une juive allemande dans les années 30, les débuts sont mouvementés et l’auteur ne se
prive pas de donner son ressenti au fur et à mesure du récit. L’oncle, Shanti, émigre en Angleterre, suivi quelque temps plus tard par Hennie, qui échappe de peu aux camps ; ce qui ne sera pas le
cas de sa famille restée sur place.
Avant la guerre, leur relation reste amicale.
Puis, Shanti s’engage comme officier dentiste pendant la guerre et y perd un bras ; cette guerre avec son lot de solitudes, de dangers, de peurs fera germer leur amour, diront les optimistes ;
les pessimistes, eux, diront qu’ils se réfugient, par peur et par incertitude, dans les bras de l’autre…l’auteur ne cherche pas à énoncer cette « vérité », impossible à trouver d’ailleurs, mais
nous emmène sur le chemin de l’histoire au travers de personnes réelles.
Bien sûr, ce chemin comporte quelques longueurs, inévitables dans ce genre de récits, et les personnages, même s’ils sont intéressants, ne sont pas extraordinaires…nous sommes dans le monde
réel.
Mais si vous voulez faire une balade dans un monde où même un dentiste peut avoir une vie bien remplie…